Bonjour et bienvenue. La partie que vous allez aborder traite de l’estimation des besoins et ressources financiers de votre entreprise au moment de sa création. À l’issue de ce chapitre, vous serez capable de :
Comprendre l’importance de l’analyse financière pour la gestion de l’entreprise
Utiliser les différents ratios afin d’apprécier la situation financière de l’entreprise
Analyser le compte de résultat en calculant les soldes intermédiaires de gestion
Définition
L’analyse financière consiste à étudier une entreprise sur le plan financier en s’appuyant sur les documents comptables et les informations économiques et financières relatives à l’entreprise ou à son marché.
Une fois effectuée, elle permet de porter un jugement d’ensemble sur :
Eléments clés : documents comptables de synthèse
Deux documents comptables de synthèse sont essentiels pour l’analyse financière : le bilan et le compte de résultat.
Le gestionnaire a besoin des documents de synthèse de plusieurs exercices consécutifs. C’est uniquement dans ce cas qu’il peut détecter des tendances et tirer les conclusions pertinentes quant à la gestion future de l’entreprise.
Comment procéder ?
Établissement du bilan fonctionnel et analyse du financement de l’entreprise
Dans une première étape, le gestionnaire doit retraiter les éléments constitutifs du bilan comptable afin d’établir un bilan fonctionnel permettant une analyse de la situation financière de l’entreprise.
Sur base de ce bilan fonctionnel il s’agit d’effectuer une comparaison de différents postes de bilan dans le temps afin de faire ressortir l’évolution du financement de l’entreprise :
financement de l’actif immobilisé
financement de l’exploitation
financement de nouveaux besoins financiers
Déterminer les forces et les faiblesses de l’entreprise
Une deuxième étape consiste à dégager les forces et faiblesses de l’entreprise sur base de ratios, outils de comparaison visant à caractériser la situation financière de l’entreprise.
Afin de pouvoir en tirer des conclusions, il convient de les comparer aux ratios des années précédentes.
Financement de l’actif immobilisé
« Tout bien acquis par l’entreprise doit être financé par une ressource qui figurera au bilan pour un délai au moins équivalent à la durée de vie de ce bien. »
Il s’en suit que l’actif immobilisé doit être financé par des ressources stables, c’est-à-dire des capitaux permanents (capitaux propres + dettes à long terme).
Lorsque l’entreprise a acquis des immobilisations au cours de l’exercice, le gestionnaire doit vérifier si les capitaux permanents restent supérieurs à l’actif immobilisé de façon à ce que l’entreprise ait un fonds de roulement positif.
Le fonds de roulement constitue une marge de sécurité financière pour l’entreprise.
Financement d’exploitation
L’exploitation de l’entreprise crée des besoins financiers, plus précisément il s’agit de financer les stocks et les créances clients.
Généralement le crédit fournisseurs permet de financer une partie de ce besoin mais rarement la totalité. Il subsiste donc un besoin restant à financer : le besoin en fonds de roulement de l’entreprise.
Dans l’idéal, c’est le fonds de roulement qui finance le besoin en fonds de roulement.
Le gestionnaire doit suivre de près l’évolution de ces deux variables étant donné qu’elles sont déterminantes pour la sécurité financière de l’entreprise.
Financement de nouveaux besoins financiers
Au cas où les besoins financiers de l’entreprise augmentent durablement, il est nécessaire d’augmenter les capitaux propres.
Un nouvel investissement ou une augmentation durable de l’activité engendrant une augmentation du BFR devront donc être financés par une augmentation des capitaux propres ou le recours à un emprunt moyen terme (MT) ou long terme (LT) si l’entreprise dispose encore d’une capacité d’endettement supplémentaire.
Le ratio de financement des immobilisations (RFI)
Le ratio de financement des immobilisations permet de vérifier si l’actif immobilisé est financé par des capitaux qui restent en permanence dans l’entreprise.
Actif
Passif
Total
Total
Actif immobilisé
Capitaux permanents
Frais d’établissement
Capitaux propres
Immobilisations
Provisions pour risques et charges
Dettes MLT
Actif circulant
Dettes à court terme
Stocks et encours
Créances
Disponibilités
Formule : Capitaux propres + Dettes MLT÷Actif immobilisé = RFI
Analyse
RFI Analyse RFI
Situation optimale, dans ce cas l’actif immobilisé est financé par des capitaux permanents (fonds de roulement positif) et l’entreprise dispose encore de capitaux permanents pour financer une partie des besoins résultant de l’exploitation courante.
Le ratio de rotation des stocks (RRS)
Des stocks qui ne tournent pas immobilisent des capitaux et constituent des charges lourdes pour la trésorerie. Toute entreprise a donc intérêt à faire tourner rapidement ses stocks. Le ratio de rotation des stocks mesure la durée d’écoulement des stocks, donc la durée moyenne de stockage.
Durée Moyenne du Crédit Client (DMCC)
Ce ratio mesure la durée moyenne en jour du crédit que l’entreprise consent à ses clients. Il est important d’observer ce ratio étant donné que la durée du crédit clients a un impact direct sur le besoin en fonds de roulement de l’entreprise.
Durée Moyenne du Crédit Fournisseur (DMCF)
Ce ratio permet de calculer le nombre de jours de crédit dont l’entreprise dispose chez ses fournisseurs. Il est important d’observer ce ratio étant donné que la durée du crédit fournisseur a un impact direct sur le besoin en fonds de roulement de l’entreprise.
Actif
Passif
Total
Total
Actif immobilisé
Capitaux permanents
Frais d’établissement
Capitaux propres
Immobilisations
Provisions pour risques et charges
Dettes MLT
Actif circulant
Dettes à court terme
Stocks et encours
Dettes fournisseurs
Créances
Disponibilités
Charges
Produits
Bénéfice
Perte
Total
Total
Charges d’exploitation
Produits d’exploitation
Achats de marchandises (HT)
Ventes de marchandises (HT)
Variation de stocks
Prestations de services (HT)
Charges financières
Produits financiers
Charges exceptionnelles
Produits exceptionnels
Dotations aux amortissements et provisions (DAP)
Reprises sur amortissements et provisions (RAP)
Formule : Dettes fournisseurs÷Achats de marchandises TTC = DMCF
Les dettes fournisseurs étant exprimées TTC, il est nécessaire de retraiter les achats de marchandises pour les exprimer également TTC.
Analyse
Situation optimale
La durée moyenne du crédit fournisseur (DMCF) est assez élevée. Ceci permettra de réduire le besoin en fonds de roulement.
Définition
et utilité des soldes intermédiaires de gestion
Les soldes intermédiaires de gestion (SIG) sont des éléments intermédiaires du compte de résultat, utilisés pour apprécier les performances des entreprises de manière plus fine et pour pouvoir comparer les entreprises les unes avec les autres.
Les soldes intermédiaires de gestion permettent d’avoir une meilleure vue sur la formation du résultat en calculant des différences partielles entre certains produits et certaines charges.
En outre, les soldes intermédiaires de gestion peuvent servir à des comparaisons dans le temps (sur plusieurs années) et fournissent ainsi des explications quant aux variations du résultat d’un exercice par rapport à un autre.
Leur analyse et leur interprétation aident donc les responsables d’entreprises à mieux connaître les éléments constitutifs du résultat et à reconnaître des évolutions favorables ou défavorables.
Calcul des soldes intermédiaires de gestion
Les soldes intermédiaires de gestion (SIG) peuvent être déterminés par un calcul en cascade d’après le schéma suivant :
Cliquez sur les différents SIG pour avoir des informations plus détaillées.
Marge commerciale
La marge commerciale ne concerne que les entreprises commerciales ou la partie d’activité purement commerciale des entreprises industrielles et /ou artisanales.
Elle se calcule de la manière suivante :
=
Marge commerciale
Ventes de marchandises
–
Coût d’achat des marchandises vendues (CAMV)
Signification économique :
La marge commerciale traduit l’activité commerciale de l’entreprise et indique ce que cette dernière a gagné sur sa seule activité de revente en l’état. C’est un indicateur clé qu’il faut suivre étroitement, car faute de marge commerciale suffisante, l’entreprise ne pourra pas être rentable.
Production de l’exercice
La production de l’exercice concerne les entreprises ayant une activité de fabrication ou de transformation de biens et de services.
Elle peut être déterminée de la façon suivante :
=
Production de l’exercice
Ventes de produits finis
+
Prestations de services
+
Production stockée
+
Production immobilisée
Signification économique :
La production de l’exercice mesure mieux que la seule production vendue (=chiffre d’affaires) l’activité de l’entreprise, en particulier quand la production immobilisée est élevée.
Production stockée : Différence entre le stock final de produits finis et le stock initial de produits finis.
Production immobilisée : Elle correspond au coût de production des immobilisations réalisées par l’entreprise pour son propre usage.
Par exemple : construction d’un bâtiment, aménagement apporté à un immeuble en location, travaux d’étude et de recherche, etc.
Valeur ajoutée
La valeur ajoutée est obtenue en retranchant de la marge commerciale et/ou de la production (selon le type d’entreprise), les consommations en provenance de tiers.
Elle peut être déterminée de la façon suivante :
=
Valeur ajoutée
Marge commerciale
+
Production de l’exercice
–
Consommations intermédiaires
Signification économique :
La valeur ajoutée est une indication du poids économique de l’entreprise parce qu’elle détermine la richesse créée par le travail du personnel et pas l’entreprise elle-même. En observant son évolution dans le temps, on peut mesurer la croissance ou la régression de l’entreprise. Elle permet aussi de déterminer l’importance relative des diverses activités exercées dans l’entreprise. En cumulant les valeurs ajoutées réalisées par les entreprises d’un pays au cours d’une année, on peut déterminer le produit intérieur brut (PIB).
La consommation intermédiaire comprend les achats de biens et services utilisés comme inputs dans un processus de production. Ces biens et services sont détruits ou transformé lors du processus de production, soit incorporés aux produits.
Ex : une entreprise produisant du mobilier aura besoin de bois (matière première incorporée dans le produit) mais aussi d’électricité pour assurer le fonctionnement des machines (dépenses d’énergie détruite au moment de la production).
Excédent brut d’exploitation
Lors du calcul de l’excédent brut d’exploitation (EBE ou EBITDA) toutes les dépenses d’exploitation donnant lieu à un décaissement ont été prises en compte.
Il se calcule de la manière suivante :
=
Excédent brut d’exploitation
Valeur ajoutée
+
Subventions d’exploitation
–
Impôt et taxes (sauf impôt sur le bénéfice)
–
Charges de personnel
Signification économique :
L’excédent brut d’exploitation mesure le surplus monétaire potentiel généré par l’entreprise grâce à son activité d’exploitation. Il mesure le résultat de l’entreprise indépendamment des amortissements, des résultats exceptionnels et des modalités de financement. C’est un indicateur fortement observé par les analystes financiers.
Résultat d’exploitation
Le résultat d’exploitation est le résultat qui découle de l’activité de l’entreprise, il se calcule avant la prise en compte des éléments financiers et exceptionnels.
Il se calcule de la manière suivante :
=
Résultat d’exploitation
Excédent brut d’exploitation
+
Reprises sur amortissements et provisions
–
Dotations aux amortissements et provisions
Signification économique :
Le résultat d’exploitation mesure la performance industrielle et commerciale de l’entreprise indépendamment de la politique financière de l’entreprise et des opérations exceptionnelles. Il sert à rémunérer les créanciers (intérêts), l’Etat (impôts) et les associés (dividendes).
Résultat financier
Il se calcule de la manière suivante :
=
Résultat financier
Produits financiers
–
Charges financières
Résultat courant avant impôts
Le résultat courant avant impôts provient des opérations courantes d’exploitation et de financement effectuées par l’entreprise. Contrairement au résultat d’exploitation il tient compte de l’incidence du mode de financement choisi par l’entreprise.
Il se calcule de la manière suivante :
=
Résultat courant avant impôts
Résultat d’exploitation
+
Résultat financier
Signification économique :
Le résultat courant avant impôts mesure la performance de l’activité économique et financière de l’entreprise. En le comparant au résultat d’exploitation, on peut analyser l’incidence de la politique financière de l’entreprise sur la formation du résultat.
Résultat exceptionnel
Le résultat exceptionnel n’est pas calculé à partir d’un solde précédent. C’est le résultat des opérations non récurrentes de l’entreprise.
Il se calcule de la manière suivante :
=
Résultat exceptionnel
Produits exceptionnels
–
Charges exceptionnelles
Signification économique :
Le résultat exceptionnel permet d’isoler les éléments extérieurs au fonctionnement normal de l’entreprise. Ils n’interviendront plus dans la prévision des résultats des exercices ultérieurs.
Résultat net de l’exercice
Il se calcule de la manière suivante :
=
Résultat net de l’exercice
Résultat courant avant impôts
+
Résultat exceptionnel
–
Impôts sur les bénéfices
Signification économique :
Le résultat de l’exercice permet de calculer la rentabilité de l’entreprise. Il indique ce qu’il reste à disposition de l’entreprise après avoir payé l’impôt sur les bénéfices.